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Gérer la consommation d’alcool en entreprise

Janvier touche à sa fin. C’est le mois sans alcool et l’occasion pour moi de vous rappeler les obligations, sur toute l’année, des entreprises face à la consommation d’alcool des salariés.

1 – Connaître ses obligations

En matière de consommation d’alcool, l’employeur est tenu à deux obligations majeures et étroitement liées : (Article R.4228-20 du Code du travail)

  • une obligation de sécurité pour le consommateur salarié et les personnes qui travaillent avec lui,
  • qui implique, l’information des salariés et leur sensibilisation, ainsi que la prise de mesures de limitation ou d’interdiction de la consommation d’alcool de façon proportionnée au but recherché.

En outre,

  • aucune boisson alcoolisée autre que le vin, la bière, le cidre et le poiré n’est autorisée sur le lieu de travail,
  • il est interdit de laisser entrer ou séjourner dans les lieux de travail des personnes ivres.

2 – Anticiper

Vous devez dans un premier temps évaluer les risques professionnels de vos postes de travail, pour identifier les postes à risques, c’est-à-dire ceux pour lesquels travailler sous l’emprise de l’alcool est dangereux pour leur santé et celle des autres (à titre d’exemple, cariste, élagueur, chauffeur routier, etc.).  Pour rappel, le document unique d’évaluation des risques professionnels est obligatoire pour toute entreprise quel que soit son effectif.

Sur la base de cette évaluation, vous pourrez adopter et justifier d’une procédure de contrôle inopiné dans un règlement intérieur.

En principe, ce document est obligatoire dans les entreprises de 50 salariés et plus. Toutefois, au cas présent, ce document doit être mis en place dans toutes les entreprises concernées pour rendre opposable la procédure de contrôle par test alcoolémique.

Attention la procédure rédigée dans le règlement intérieur doit être justifiée et présenter des garanties pour les salariés concernés.

3 – Réagir

Vous ne pouvez pas suspendre, de fait, un salarié au prétexte qu’il aurait un comportement d’ébriété. C’est discriminatoire.

Dès lors,  si vous suspectez un de vos salariés d’être sous l’emprise de l’alcool, si celui-ci exerce sur un poste à risque, vous devez procéder au contrôle de l’ensemble du personnel affecté au même poste, conformément à la procédure établie dans votre règlement intérieur.

En tout état de cause, que le salarié soit ou non affecté à un poste à risque, vous devez collaborer avec la médecine du travail pour prendre des mesures générales d’information et de sensibilisation.

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Le cancer du sein, une maladie professionnelle ?

En résumé

Le cancer du sein est la première cause de mortalité chez la femme, avec une incidence qui ne cesse d’augmenter. A ce jour, il ne figure pas au tableau des maladies professionnelles, mais des études ont démontré que le travail de nuit était un facteur de risque du cancer du sein. L’employeur, tenu d’une obligation de sécurité, doit prendre toutes les mesures qui s’imposent pour limiter ce facteur de pénibilité. L’origine professionnelle d’un cancer du sein chez une travailleuse de nuit pourrait en effet être reconnu comme maladie professionnelle, en fonction de ses conditions de travail. 

Le cancer du sein en chiffres…

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent en France et représente la première cause de décès par cancer chez la femme, en dépit d’une mortalité en diminution.

D’après les dernières données de Santé Publique France, entre 1990 et 2018, les décès sont passés de 20,2 décès par cancer du sein pour 100 000 femmes à 14,0, soit une baisse de 1,3 % par an en moyenne. Toutefois, son taux d’incidence ne cesse d’augmenter. Sur la même période, l’incidence est passée de 72,8 nouveaux cas de cancer du sein pour 100 000 femmes à 99,9, soit une hausse de 1,1 % par an en moyenne.

Des facteurs de risques nombreux, dont le travail de nuit

Outre le facteur de risque génétique, le cancer du sein connait de nombreux facteur de risques, parmi lesquels figurent le tabac, l’alcool, mais aussi les modes de vie.

Dans le cadre professionnel, le travail de nuit, par la perturbation circadienne dont il est à l’origine, est un facteur de risque du cancer du sein. Chez les travailleuses de nuit, certaines études ont en effet démontré que « l’exposition à la lumière artificielle la nuit altère la fonction de la glande pinéale » ou épiphyse (glande située au niveau du cerveau) qui sécrète la mélatonine. La sécrétion de mélatonine est diminuée voire inhibée par l’exposition de la lumière artificielle, ce qui pourrait favoriser la survenue ou la progression d’un cancer du sein. De nombreuses salariées sont concernées : les infirmières, les sages femmes, les opératrices télésurveillance, etc. dont l’activité nécessite un travail continu.

Le rôle de l’employeur

L’employeur, tenu d’une obligation de sécurité, doit bien évidemment mettre en œuvre les moyens généraux de prévention. Il peut par exemple adapter les plannings pour réduire la fréquence d’exposition. Tout dépend de l’entreprise et du secteur d’activité concernés. Au-delà, l’employeur a certaines obligations préventives en matière de tabac et d’alcool.

L’employeur doit aussi assurer l’effectivité du suivi médical des travailleuses de nuit, dont la périodicité des examens ne peut excéder 3 ans.

Enfin, le travail de nuit est considéré comme un facteur de pénibilité. La pénibilité se caractérise par une exposition au-delà de certains seuils et à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels. Cette exposition peut laisser des traces durables, identifiables et irréversibles sur la santé. Elle ouvre droit à l’acquisition de points sur le compte professionnel de prévention. Les obligations de l’employeur en la matière dépendent de son effectif.

Le cancer du sein, une maladie professionnelle ?

Le cancer du sein ne figure pas au tableau des maladies professionnelles. Toutefois, on peut parfaitement imaginer qu’une travailleuse de nuit, notamment dans l’hypothèse où elle ne présente pas de facteur de risque associé, sollicite la reconnaissance de son cancer du sein en maladie professionnelle auprès du Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles, qui étudiera l’éventuel lien de causalité entre sa maladie et ses conditions de travail.

Sources : IRNS, Légifrance